Les azohim demeurent l’un des mystères les plus soigneusement encadrés des Cieux. Leur existence, pourtant omniprésente, se déploie dans l’ombre des gynécées, loin des regards et des préoccupations du peuple élohien. Forgées dans le cristal des séphiroth brisés, animées par le feu sacré et façonnées comme des œuvres d’art vivantes, elles sont les mères de toutes les lignées. Et pourtant, leur histoire véritable n’est pas racontée.
L’Ecclésia a fait de leur condition un domaine clos, strictement surveillé, où la discipline se confond avec la dévotion. Les séraphins, artisans-forgerons, insufflent la vie dans leurs corps minéraux, tandis que les chérubins perfectionnent sans relâche les secrets de leur conception. Ainsi naissent, génération après génération, ces êtres de cristal dont la fonction est d’assurer la continuité des élohim.
Leur monde est celui des gynécées : cités closes du peupl’aile ou harems fastueux des nobl’ailes, tous bâtis sur la même logique d’isolement et de fécondité. Les demoiselles y apprennent la docilité, les mères y élèvent des milliers d’enfants, les tantes y préservent la mémoire des lignées, et les matriarches y règnent comme de véritables souveraines domestiques. Chaque geste, chaque cérémonie, chaque naissance s’inscrit dans le cadre immuable du Grand Dessein.
Pourtant, derrière cette façade d’évidence et de silence, les azohim révèlent un paradoxe. Captives, elles sont néanmoins indispensables ; effacées, elles sont pourtant les piliers de la perpétuation céleste ; privées d’histoire, elles sont la mémoire vivante de la fracture originelle. Tout ce que l’on sait d’elles n’est qu’un reflet, filtré par la censure de l’Ecclésia et par les mythes édifiants transmis aux demoiselles. Mais leur existence, inscrite dans la chair de cristal de milliers de générations, en dit plus sur la Création que tous les discours officiels.
Ce livre se propose d’ouvrir les portes des gynécées, d’observer de près les forges où elles sont façonnées, d’examiner leur hiérarchie, leurs rites, leurs contraintes et leur rôle dans l’édifice des Cieux. Non pour rompre le silence imposé par les autorités, mais pour comprendre, au-delà des censures et des mythes, comment ces êtres de cristal incarnent la part charnelle et féconde de la Création, sans laquelle aucune lumière n’aurait survécu.
