Histoire

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Une histoire occultée

L’histoire des azohim est largement occultée par l’Ecclésia. Les récits relatifs à leurs origines, à leur lien avec le Porteur de Lumière et aux premières générations forgées lors du Haut Tikkun sont volontairement effacés des archives officielles. Ce silence sert un objectif précis : maintenir les azohim dans un rôle fonctionnel, sans leur offrir de mémoire historique qui pourrait alimenter une conscience collective.

Les registres conservés dans les gynécées commencent toujours avec les lignées récentes, celles produites directement sous le contrôle de l’Ecclésia. Toute référence aux azohim antiques est reléguée au rang de rumeur ou de légende, souvent accompagnée d’un discours de méfiance destiné à décourager toute recherche. Les chants liturgiques qui évoquent les forges se concentrent sur l’aspect rituel du feu sacré et sur la servitude des azohim envers EL, sans jamais mentionner les forgerons originels ni les premières lignées immortelles.

Cette censure a une double fonction. Sur le plan spirituel, elle empêche les azohim de se percevoir comme héritières d’une histoire glorieuse, les enfermant dans une identité de servantes et de mères. Sur le plan politique, elle permet à l’Ecclésia de conserver son monopole : si la mémoire des origines était restaurée, elle pourrait donner naissance à des revendications ou à des contestations du système gynécéen.

Ainsi, les azohim sont des êtres dont le corps témoigne de la fracture cosmique, mais dont la mémoire est soigneusement effacée. Elles portent en elles la trace des séphiroth brisés, tout en étant privées du récit de leur propre création. Leur histoire se devine dans les fissures de leur cristal, mais ne se raconte jamais dans les textes autorisés.

Les mythes autorisés

L’Ecclésia stipule que les premières azohim furent forgées par le Porteur de Lumière, sans donner plus de détails. Elle tolère la transmission de récits simplifiés et édifiants. Ces histoires, racontées aux jeunes demoiselles par les tantes, tiennent lieu de mémoire officielle et visent avant tout à inculquer l’obéissance.

Les mythes décrivent toujours des azohim exemplaires, présentées comme des épouses parfaites, loyales et silencieuses, qui servirent avec dévotion leurs maris primordiaux. Ces récits mettent en avant leur capacité à se sacrifier pour la fécondité et leur soumission à l’autorité. Dans ces contes, l’azoha idéale n’a ni volonté propre, ni ambition, mais se définit uniquement par son rôle de mère et d’épouse.

Ces histoires remplissent une fonction pédagogique. Elles sont intégrées dans l’éducation des demoiselles, utilisées comme paraboles pour leur rappeler ce qu’on attend d’elles. Les tantes les emploient pour enseigner la patience, l’humilité et la fidélité conjugale. En idéalisant les azohim antiques comme des servantes dévouées aux primordiaux, l’Ecclésia renforce le message que la soumission et la docilité sont les vertus cardinales des azohim.

Ces mythes sont toutefois remarquables par leur pauvreté narrative. Ils se réduisent souvent à des anecdotes répétitives, mettant en scène des figures anonymes, sans détail ni profondeur. Tout ce qui pourrait suggérer une autonomie ou une grandeur propre aux azohim est effacé. Il ne reste qu’un idéal figé, servant de miroir normatif pour modeler la conduite des jeunes générations.

Ainsi, la mémoire des azohim est réduite à une littérature de propagande : un ensemble de contes contrôlés, qui ne transmettent pas une histoire mais un modèle de comportement. Loin de célébrer leur véritable passé, ces récits fonctionnent comme une pédagogie de la servitude, destinée à maintenir les gynécées dans un état de soumission silencieuse au Grand Dessein.

La perception des élohim

Face à la condition des azohim et à la vie recluse des gynécées, l’attitude dominante parmi les élohim est l’indifférence. Dans la société céleste, chacun est assigné à une fonction précise et à une part du Grand Dessein. Les puissances se consacrent au combat, les chérubins à la science, les séraphins au feu sacré, et les azohim à la fécondité. Aux yeux de la majorité, il n’y a là ni injustice ni particularité, mais l’ordre naturel de la Création.

Les élohim considèrent rarement les azohim comme des individus. Elles sont perçues comme des fonctions, nécessaires mais subalternes, comparables à des matrices vivantes où s’engendre la continuité des lignées. Dans les gynécées du peupl’aile, leur existence n’éveille guère plus de réflexion qu’une institution pratique et évidente, au même titre qu’une chorale ou qu’un ministère. Dans les gynécées des nobl’ailes, elles sont regardées comme des ornements et des instruments politiques, mais rarement comme des êtres dotés de pensée propre.

Les récits officiels véhiculés par l’Ecclésia renforcent cette indifférence. Ils insistent sur le fait que chacun doit servir le Grand Dessein à sa manière. L’éloha guerrier verse son sang au front, le chérubin consume son esprit dans les calculs, et l’azoha consacre son corps à la maternité. Dans cette perspective, leur vie recluse n’est pas perçue comme une contrainte, mais comme une mission sacrée qui s’accomplit dans le silence.

Cette indifférence n’est pas exempte de nuances. Certains élohim nobles, plus sensibles ou solitaires, accordent une réelle affection à leurs épouses et leur confient une influence plus grande dans la sphère domestique. Mais ces cas restent marginaux et liés au caractère individuel. Dans l’ensemble, les élohim ne questionnent pas l’organisation des gynécées. L’ordre établi par l’Ecclésia est accepté comme une évidence cosmique, et rares sont ceux qui perçoivent la réclusion des azohim comme une injustice ou une perte.

Ainsi, la condition des azohim ne suscite ni révolte ni compassion, mais un consentement tacite, nourri par la croyance que chaque être sert EL selon son rôle propre. Dans l’univers élohien, l’indifférence n’est pas seulement sociale : elle est une vertu, signe que chacun reste à sa place dans la grande mécanique du Grand Dessein.


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